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Poèmes

01 – « Maman »

C’est le mot le plus beau, le premier prononcé
C’est par lui que l’amour commence et remercie,
Chaque enfant le redit sans jamais se lasser.

À l’âge où la parole hésite et balbutie,
ce mot irremplaçable autant qu’inépuisé
a gardé sa jeunesse avec sa poésie.
Il a en ce présent, comme il eut au passé
le miraculeux pouvoir en cette vie.
Il est le souvenir d’un être vénéré
religieux du cœur, comme un culte sacré.

Ce mot magique fait deux heureux sans nul doute,
celui qui le prononce et celui qui l’écoute.
Simple, presque effacé, ce petit mot d’enfant
est plus grand que le verbe, et son nom c’est Maman.

02 – Grand-Mère (Grand-Père)

Nous l’avons tellement aimé(e).
Il/Elle était si heureux(se) de vivre avec ceux qu’il/elle aimait.
Il/Elle qui était si heureux(se) de laisser entrer le soleil
dans sa maison et dans son cœur.

Il/Elle qui était si heureux(se) des rencontres familiales.
Il/Elle qui était si plein(e) de tendresse et de délicatesse.
Accueille-le/la, Dieu miséricordieux, dans ton royaume ;
et ne nous laisse pas seuls, au fond de notre tristesse.
Aide-nous à supporter le vide creusé parmi nous.

Toi qui aurais aimé, Grand-Père/Grand-Mère,
voir grandir tes petits-enfants,
ils sont là, dans nos vies, dans nos cœurs,
comme le dernier cadeau que nous pouvons t’offrir.
Plus tard, ils chanteront peu être.
« Maintenant, je m’en souviens, c’était toi Grand-Père/Grand-Mère
qui venais me prendre la main… »
En nous appuyant les uns sur les autres,
en faisant confiance à la vie,
nous continuerons à t’aimer, toi que nous pleurons,
et nous te garderons présente parmi nous

03 – Trace de toi

Il restera de toi ce que tu as donné
au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi, de ton jardin secret
une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné en d’autres fleurira
celui qui perd la vie un jour la retrouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
entre tes bras ouverts un matin de soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
que tu as attendu plus loin que ton éveil.
Ce que tu as souffert en d’autres revivra
celui qui perd sa vie un jour la retrouvera.
Il restera de toi une larme tombée
un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé
que tu as partagé aux mendiants du bonheur.

04 – Hier, aujourd’hui, demain

Nous avions ensemble fait tant de choses
et voilà que maintenant tu nous quittes.
Nous avons mangé et bu avec toi,
avec toi nous avons partagé les soucis et les travaux quotidiens,
avec toi nous avons partagé tant de projets et tant d’espoirs.
Il y a tant de choses que nous aurions voulu faire ensemble.
Mais tout cela semble s’arrêter aujourd’hui
et ce n’est plus ensemble que nous allons réaliser ce que tu espérais.
Nous voudrions nous souvenir de toi,
continuer de travailler à tout ce que tu attendais,
à tout ce que tu espérais.
Comme un mur, la mort nous sépare de toi,
comme le souffle du vent qui balaie les obstacles.
Notre amitié, notre affection et notre espérance
s’en iront te rejoindre là où désormais tu nous attends.

05 – Nous n’avons jamais su

Nous n’avons jamais su vraiment ce que tu pensais
sur plein de choses pourtant essentielles.

Tu ne parlais jamais de Dieu, mais tu allais à l’Église de temps en temps.
Pour dire adieu à tes amis quand ils mourraient,
pour partager la joie de ceux qui se mariaient,
pour accueillir les enfants de la famille ou des amis quand on les baptisait
et pour les entourer plus tard quand ils faisaient leur première communion.

Aujourd’hui, nous, tes proches, nous te disons adieu.
Nous espérons que silencieusement tu as rejoint ceux que tu aimais,
ceux dont tu avais partagé le travail, les soucis,
ceux que tu avais aidés ou qui t’avaient rendu service.

Demain, nous aussi nous partirons sans avoir terminé notre travail,
nous laisserons sans doute des choses à faire.
Nous abandonnerons nos travaux entrepris, que d’autres à notre place poursuivront.
Ce jour là nous espérons te retrouver.
Nous viendrons silencieusement nous asseoir auprès de toi dans la maison de Dieu.

06 – Ascension

Je te salue au seuil sévère du tombeau.
Va chercher le vrai, toi qui a su trouver le beau.
Monte l’âpre escalier.
Du haut des sombres marches, du noir pont de l’abîme
on entrevoit les arches ;
Va ! Meurs !
La dernière heure est le dernier degré.
Pars, aigle, tu vas voir des gouffres à ton gré ;
tu vas voir l’absolu, le réel, le sublime.
Tu vas sentir le vent sinistre de la cime
et l’éblouissement du prodige éternel.
Ton olympe, tu vas le voir du haut du ciel,
tu vas, du haut, du vrai, voir l’humaine chimère,
même celle de Job, même celle d’Homère,
Âme, et du haut de Dieu tu vas voir Jéhovah.
Monte ! Esprit !
Grandis, plane, ouvre tes ailes, va !

Victor HUGO

07 – Pour un enfant mort au berceau

À peine vu, es-tu déjà reparti…
Nous aurons à peine vu ton visage…
Il ne restera de toi
que notre longue attente et notre profonde douleur,
et ces quelques heures où nous t’avons tenu dans nos bras…
Mais n’est-ce pas déjà assez
pour exister éternellement dans notre cœur et dans celui de Dieu ?
Oui, nous te reverrons, et notre joie sera alors totale,
car ton départ aura aiguisé notre espérance…
nous te confions à ce Dieu Père de tous :
tu es notre enfant chéri…

08 – Comme l’oiseau qui s’envole…

Comme l’oiseau qui s’envole, mon âme s’en est allée.
J’ai quitté cette terre pour d’autres horizons
où le ciel toujours bleu vous sourira demain.
Ne pleurez point l’envol dont je suis gratifié ;
près de moi dans les nues votre place est gardée,
mon cœur est près de vous.
Et l’essentiel : ne pleurez pas surtout puisque je suis au ciel

09 – La mort des oiseaux

Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois
à la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,
les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
se balancent au vent sous le ciel gris de fer.
Oh ! Comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
nous ne trouverons pas leur délicat squelette,
dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

François COPPEE

10 – Le Voilier

Je suis debout au bord de la plage
un voilier passe dans la brise du matin
et part vers l’océan.
Il est beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon
quelqu’un à mon côté me dit : « il est parti ! »
parti où ?
Parti de mon regard, c’est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
sa coque a toujours la force de porter sa charge
sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un, près de moi, me dit :
« il est parti ! »
il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon
et venir vers eux s’exclament avec joie :
« le voilà ! »
la mort, c’est cela !!

William BLAKE

11 – Le dernier voyage

Lorsqu’il faudra partir
pour le dernier voyage,
au grand livre du temps,
tout en bas de la page,
j’apposerai mon nom, clôturant une vie
où bonheur et chagrin
furent parfois réunis.
Tu ne me verras plus,
pourtant je serai là.
Fidèle comme une ombre
attachée à tes pas.
Je serai près de toi dans l’allée du jardin,
allant l’un près de l’autre,
et la main dans la main.
Je serai dans la fleur que tu auras cueillie
dans la tiédeur du soir, quand la brise fraîchit.
Et je te parlerai lorsque chante le vent,
je serai dans la pluie qui fouette les auvents.
Je serai toujours là, lorsque la nuit tombée
les lumières du soir se seront allumées
si tu fermes les yeux, alors tu m’entendras
aujourd’hui et demain, je serai toujours là.

12 – Demain, dès l’aube

Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
je partirai.
Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe
ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor HUGO

13 – Ami, attends-moi

Lorsqu’un vivant nous quitte, élu, je le contemple ;
car entrer dans la mort, c’est entrer dans le temple ;
et quand un homme meurt, je vois distinctement
dans son ascension mon propre avènement.

Ami je sens du sort la sombre plénitude ;
j’ai commencé la mort par de la solitude ;
je vois mon profond soir vaguement s’étoiler ;
voici l’heure où je vais aussi, moi, m’en aller,
mon fil, trop long, frissonne et touche presque au glaive ;
le vent qui t’emportera doucement me soulève,
et je vais suivre ceux qui m’aimaient, moi banni.
Leur œil fixe m’attire au fond de l’infini.
J’y cours. Ne fermez pas la porte funéraire…

Victor HUGO

14 – Le livre de la vie

Le livre de la vie est le livre suprême,
qu’on ne peut ni fermer,
ni ouvrir à son choix.
Le passage achevé
ne s’y lit pas deux fois.
Mais le feuillet fatal
se tourne de lui-même.
On voudrait revenir
à la page que l’on aime
mais la page où l’on meurt
est déjà sous nos doigts.

15 – Espérance

La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
puisque je l’affirme,
au bout du chagrin une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.

Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler, faim à satisfaire,
un cœur généreux, une main tendue,
une main ouverte, des yeux attentifs,
une vie, la vie à se partager.

Paul ELUARD

16 – Être fidèle…

être fidèle à ceux qui sont disparus,
ce n’est pas s’enfermer dans sa douleur.

Il faut continuer de creuser son sillon :
droit et profond.
Comme ils l’auraient fait eux-même,
comme on l’aurait fait avec eux, pour eux.

Être fidèle à ceux qui sont partis,
c’est vivre comme ils auraient vécu,
et les faire vivre en nous,
et transmettre leur visage, leur voix, leur message aux autres.

À un fils, à un frère, ou à des inconnus,
aux autres, quels qu’ils soient.

Et la vie tronquée des disparus, alors, germera sans fin.

Martin GRAY

17 – Ferme les yeux

Ferme les yeux et tu verras,
tu verras les couleurs que tu n’as jamais vues,
les étendues glacées, les forêts inconnues,
ferme les yeux et tu verras.

Tu verras des déserts, des oasis superbes
avec des palmiers verts, de l’eau tellement bleue
que tu voudrais mourir dedans, tellement mieux
qu’un lit d’hôpital ou un caveau de gerbes.

Ferme les yeux et tu verras
les donjons des châteaux des livres d’enfance,
les cortèges sans fin de baladins qui dansent
ou ceux des mariages des rois.

Tu verras des amours à en perdre la tête
et la fraternité de ceux-là qui se tuent
le long de la planète où la planète mue
avant deux mille un aux grandioses fêtes.

Ferme les yeux et tu verras
un poète penché sur son nid d’écriture,
celui-là qui te dit l’humble parfum qui dure
des choses qu’il se veut mais qui n’existent pas.

Louis AMADE

18 – A toi

La vie était belle
hier et avant hier.
Tu es parti bien loin,
si vite sans prévenir !
Nous ne te verrons plus
que dans nos souvenirs
et un jour là haut
nous irons te rejoindre.
Nous devrions chanter
mais la souffrance est si atroce
de ne plus t’avoir avec nous
pour partager ta joie toujours débordante.
Que nous allons pleurer, crier
comme au jour de notre naissance.

19 – La vie, c’est

C’est un sourire amical
un coup de main donné, une marque d’attention
un signe tout simple au fil des jours.

La vie c’est tout cela.

C’est une main tendue, un geste précis,
un devoir accompli, un travail bien fini.

La vie c’est tout cela.

C’est se déranger, payer de sa personne
vivre simplement, faire la vérité
retrouver l’essentiel.

La vie c’est tout cela.

Mais aussi
c’est un temps pour la famille, un temps pour les amis
un temps pour la nature, un temps pour le jardin.

La vie c’est tout cela.

Parce que geste d’amour et geste d’éternité,
ce sont là des gestes de vie.

20 – Rien qu’un petit mot

Rien qu’un petit mot pour te dire que l’on ne t’oubliera pas,
que l’on se souvient toujours de tes cheveux blonds,
de tes yeux bleus, de ton sourire radieux.
Rien qu’un petit mot pour te demander
de nous aider à surmonter les rudes épreuves d’ici-bas.
Pour te supplier de nous envoyer, du plus profond de ta victoire,
ce petit morceau de bonheur, qui s’est perdu
dans le labyrinthe de la haine.
Rien qu’un petit mot pour t’implorer d’effacer
les fissures, les injures, les obstacles, les incompréhensions.
Pour te rappeler que l’on compte sur toi, que l’on a besoin de ta force,
enfin, rien qu’un petit mot pour t’affirmer que l’on t’aime
d’un amour si puissant que le plus grand palais, que le plus pur rubis,
n’est, en comparaison, qu’éphémère beauté.

21 – Pour toi… (prénom)

Pour toi, (Prénom), mon époux (épouse)
et fidèle compagnon (compagne) de nos joies et de nos épreuves
en cette vie, je te redis tout mon amour.

Pour nous, tes enfants, tu demeures à jamais avec nous
et tu continues de nous accompagner sur nos routes.
Pour toi, qui es notre grand-père(grand-mère), nous gardons
ton souvenir au plus profond de nos cœurs.

Pour toi, (Prénom), tes parents et amis te redisent en ce jour
l’affection et l’amitié qu’ils te portent.
Tous s’inspireront de l’esprit dans lequel tu as vécu,
afin que leur vie sur la terre devienne plus fraternelle et plus juste.

22 – Il est là

Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade.
Même s’il est mort, je me suis promené avec mon camarade.

Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs, les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.
Avec mon camarade je me suis promené.

Jadis mes parents allaient seuls aux enterrements et je me sentais petit enfant.
C’est pourquoi tout aujourd’hui je me suis promené avec mon ami.
Il m’a trouvé un peu vieilli, un peu vieilli mais il m’a dit : Toi aussi tu viendras où je suis, un dimanche ou un samedi.

Moi, je regardais les arbres en fleurs;
La rivière passe sous le pont et soudain j’ai vu que j’étais seul.
Alors je suis rentré parmi les hommes.

Robert DESNOS

23 – La Résille

Est-ce la pluie ? Ou seulement le vent
Qui s’amuse à froisser le feuillage des arbres ?
Je vais à la croisée et je regarde
Le jardin immobile et l’oiseau tournoyant.

Hirondelle, pourquoi veux-tu partir si vite
Et laisser ton nid vide ?
Rien ne presse,
Puisque la rose est toujours vive
Et le jasmin de Virginie.

Reste un peu plus ici, reste,
Et trace sans arrêt sur ce fond gris et vert
De campagne et de ciel
La résille magique où se perd
Le poids de mon souci.

Reste jusqu’à la fin de cet automne, reste,
Car quand tu reviendras, ô ma charmante amie,
Ce vieil homme sera-t-il encore à sa fenêtre,
Ou bien à jamais endormi ?

Tristan KLINGSOR

24 – L’amour plus fort

Lorsque deux nobles cœurs
se sont vraiment aimés
leur amour est plus fort
que la mort elle-même
Cueillons les souvenirs
que nous avons semés
Et l’absence après tout n’est
rien lorsque l’on s’aime…

25 – L’ adieu

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends…

Guillaume APOLLINAIRE

26 – Cailloux blancs

Semez nos joies, beaux cailloux blancs,
Sur la route et sur la rivière,
Semez en gouttes de soleil,
En fleurs de lune et d’étincelles.

Quand tout est gris, faites-nous signe
Tout doucement, beaux cailloux blancs,
Que nous retrouvions le sourire
Et les couleurs de l’arc-en-ciel !

27 – Maman

Maman,
tu nous as donné la vie,
ton amour a bercé nos cœurs,
guidé nos pas
et séché nos pleurs.

Maman,
nous voudrions encore
dans tes bras nous serrer
pour revivre un instant
notre enfance passée.

Maman,
dans ton paradis
veille sur nous toujours,
avec le même amour.

28 – En mémoire d’un Frère / d’une Sœur

Nous étions nés du même amour.
L’enfance était si douce
auprès de nos parents.
Puis le temps a passé,
chacun s’est envolé,
mais toujours tendrement,
nous sommes restés liés.
En partant maintenant
pour un si grand voyage,
tu emportes avec toi,
une part de nous-mêmes.
Nos souvenirs d’enfants,
nos rires, nos joies,
nos peines uniront à jamais
nos vies avec la tienne.

29 – À mon Époux (se)

Ce que nous étions l’un pour l’autre,
nous le sommes toujours,
et le resterons à jamais.
Je t’aimais, je t’aime,
et t’aimerai toujours.
Par la pensée, comme autrefois,
tu demeures à mes côtés,
et je n’ai qu’un seul espoir :
un jour te retrouver.
Pour nous deux,
ce n’est qu’un au revoir…

30 – J’ai tout perdu

J’ai tout perdu ! Mon enfant par la mort,

des ses beaux yeux, j’ai vu mourir la flamme,
fermés pour le repos qui n’a point de réveil.
Comme échappé du ciel il passa dans le monde ;
d’un ange il y montra la forme et les attraits.

Pour payer ce moment de douleur sans seconde,
Mes pleurs devraient couler pour ne tarir jamais !

Petit enfant, doux trésor d’une mère,
gage adoré de mes tristes amours,
tes beaux yeux en s’ouvrant un jour à la lumière
ont condamné les miens à te pleurer toujours !
A mes transports tu venais sourire ;
mes bras tremblants entouraient ton berceau.

Le sommeil me surprit dans cet heureux délire…
Je m’éveillais sur un tombeau.
C’est ici, sous ces fleurs qu’il m’attends, qu’il repose,
c’est ici que mon cœur se consume avec lui !

Marceline DESBORDES-VALMORE

31 – La complainte

Tu m’as quitté, ma sœur, mon épouse, mon ÂME,

Voici ce corps, qui jadis ne vivait que pour TOI !
Que reste-t-il de lui, que reste-t-il de MOI,
sur le baiser d’amour de ta vivante flamme ?

Souviens-toi des couchants que nous voyions mourir,
aux nuages empourprés, de leur magnificence…
Je reste là, figé dans un morne silence…
Hélas ! si j’avais pu, vivant te retenir !

Mais de notre destin, l’implacable harmonie
exigeait qu’à l’instant choisi du créateur,
tu fuies en ton repos, ta course bien finie,
me laissant immobile où se calma mon cœur…

Tout à la fin des temps, tu le sais je le crois,
affermissant ma chair sur mes os, hors de terre,
viendra – ô joie – celui qui me délivrera,
pour nous unir dans la splendeur de la lumière.

S. BONIS CHARANCLE

32 – Hélas, mon frère

Hélas, mon frère,

Car rien de ce que renferme la terre
ne troublera notre cœur dans la demeure de l’éternité,
lorsqu’on quitte son corps, on rompt aussi le charme
qui enchaîne le cœur aux richesses du monde.

Nous sommes avec toi, …………………, tu es avec nous,
avec nous tu montes à la source de la lumière éternelle ;
tu y oublieras toutes tes souffrances, tes chagrins, tes douleurs,
tu y coifferas une couronne de myrrhe, un diadème de clarté ;
Le voila de la création se lèvera devant tes yeux,
secrets, mystères, énigmes insondables
procureront à ton âme une jouissance éternelle ;
Dans les hauteurs de l’univers, tu chanteras parmi les étoiles du matin.

Y. L. GORDON

33 – Tu t’en vas

Tu n’as pas attendu que soient tournées les pages

que nous vouions écrire ensemble.

Tu t’en vas , et tu n’as pas attendu le temps de la moisson,
le temps de récolter ce qu’ensemble nous avions semé.

Tu t’en vas, et tu n’as pas attendu que la maison soit finie,
les enfants élevés.

Tu t’en vas, et tu n’as pas attendu que nous prenions
le temps de nous réconcilier avec ceux
qui nous ont fait du mal, avec ceux
que nous avons blessés.

Pourtant, j’espère que Dieu t’attend.
J’espère qu’il te pardonnera ce que d’autres ne t’ont pas pardonné.

J’espère que Dieu fera mûrir les semences déposées en terre,
les projets encore en devenir et les amitiés
qui commençaient à fleurir.

34 – Vers une autre destinée

Comment l’accepter !

Cette personne que nous connaissions et aimions,
hier présente, aujourd’hui n’est plus là.
Ainsi, autour de nous, des êtres disparaissent,
tandis que d’autres naissent.
La roue tourne, dit-on, une roue humaine
de chair et de sang, de vie et de mort.
Elle tourne si bien qu’il est facile de s’y habituer.
Nous en prenons notre parti.
Que faire d’autre pour se plier à la réalité ?

Et s’il n’y avait point de roue ?
Si nous n’étions pas prisonniers de la fatalité ?
Si nous étions embarqués vers une autre destinée,
hommes et femmes, parents et étrangers,
connus et inconnus ?

Alors la mort serait un passage :
La rupture conduirait à une communion,
la vie ne serait pas enlevée, mais transformée.
Si la mort n’était pas la fin mais un commencement,
la naissance à une nouvelle vie.
Si celui qui est là, couché,
devait à nouveau se tenir debout.
Alors nous pourrions espérer.

35 – Le temps

Le temps…. le temps…. c’est important le temps

qu’on met à se connaître
qu’on met à oublier
qu’on passe à la fenêtre.

Le temps que met un petit prince
pour retourner vers l’infini
dans le ciel bleu de la province
un oiseau tombe et tout est dit.

Le temps que mettent les roses
pour refleurir après l’été
et pour reperdre, à peine écloses,
le souvenir d’avoir été.

Le temps efface toute larme
pour laisser trace de son sel
le temps que cesse toute alarme
pour que renaisse l’arc-en-ciel.
Le temps d’apprendre que j’existe
et de découvrir l’univers
c’est déjà le bout de la piste
et les endroits sont à l’envers.

36 – Pour un temps de mort

Une flamme qui s’éteint, disent les voisins.

Disparition éternelle, ont dit les officiels.
Tristesse de l’absence, dit la famille.

Pourquoi ces gens parlent-ils
de ce qu’ils ne connaissent pas ?
C’est vrai. Le corps est sur le lit.
Je le vois et, parfois, je pleure.
Un corps sans souffle, c’est affreux.
C’est vrai, je suis tenté de révolte.
La peine de mon cœur est immense.

Mais ce corps était animé de ton souffle, Seigneur,
tu ne l’as pas créé pour le mener au néant.
Le cœur bat ailleurs que dans la poitrine.
L’esprit et l’amour revivent en un corps nouveau.
Tu es créateur. Tu recréais que je ne puis saisir.
Amour ineffacé, agrandi à ta dimension.
Résurrection plus belle que tous les rêves.

De nouveau solitaire, je te dis : je souffre, Seigneur.
Sans désespoir.
Souffrance et espérance cohabitent dans mon cœur.
Je refuse la mort.
Toi aussi, Seigneur. Tu es vainqueur.
Aux morts, tu donnes la vie. A moi, tu donnes la paix.
Seigneur, tu es la Vie, nos cœurs entre tes mains.

37 – Au bout de la route

Au bout de la route, il n’y a pas de route,

mais le terme du pèlerinage.

Au bout de l’ascension, il n’y a pas l’ascension,
mais le sommet.

Au bout de la nuit, il n’y a pas la nuit,
mais l’aurore.

Au bout de l’hiver, il n’y a pas l’hiver,
mais le printemps.

Au bout de la mort, il n’y a pas la mort,
mais la vie.

Au bout du désespoir, il n’y a pas le désespoir,
mais l’espérance.

Au bout de l’humanité, il n’y a pas l’homme,
mais l’homme en Dieu,
mais la Résurrection.

38 – Toi qui nous a précédés

Toi qui nous as précédés

au passage vers le Père,
as-tu découvert ce visage
que tu cherchais dans la nuit ?
notre Sauveur l’a promis :
celui qui cherche, trouvera.

Toi qui a bu comme nous
à la coupe du Royaume,
as-tu reconnu sur tes lèvres
le sang versé par Jésus ?
notre Sauveur l’a promis :
qui boit mon sang sera sauvé.

Toi qui a choisi l’amour
comme guide sur ta route,
es-tu parvenu à la source :
l’Esprit donné pour nous tous ?
notre Sauveur l’a promis :
vous recevrez mon esprit sain.

Toi qui nous a précédés
au passage vers le Père,
peux-tu obtenir que tes frères
soient réunis près de Dieu ?
notre Sauveur l’a promis :
je vous prendrai auprès de moi.

39 – La prière du chasseur

Mon Dieu, soyez sur tous mes pas dans la nuit
de la haute montagne.
Faites que chaque jour je vous salue dans la splendeur de l’aube.
Faites que j’entende votre voix seule quand vous parlez avec force par les vents déchaînés.
Les fracas des monts et la chute folle des torrents, le courroux des glaciers et le sifflement des pierres,
Les déchirements des éclairs et le roulis des tonnerres,
Par l’intercession de ma belle compagne, Notre Dame des Neiges,
Par celle de mon glorieux patron, le grand Saint Hubert,
Mon Dieu protégez-moi toujours,
Faites que bien rarement avec ma carabine je ne manque le but, et que si cela m’advient,
faites du moins que Vous, Seigneur, je ne vous manque point.
Marcel Michellod

40 – Cette lettre est pour Toi

Cette lettre est pour toi.
Toi, …….. * que nous aimions,
Toi qui étais la joie de vivre,
Toi qui as pris soin de nous,
Toi qui nous as aidés tout au long
de notre existence, à transformer
nos peurs et nos erreurs
en bonheurs et rêves heureux.
Tu es le merveilleux exemple
de ce que bon nombre de

[femmes/hommes/mères/pères…] devraient être.
……… *, tu n’as jamais su à quel point
nous t’admirions et t’aimions,
laisse-nous simplement te dire
que tu es le/la meilleur(e) ……. *

qu’aucun enfant n’ait jamais eu.
Cette lettre écrite avec tout notre amour
montre combien, …….. *, tu nous manques.

* : Papa, Papi, Maman, Mamie

41 – C’est qui Grand-Mère ?

C’est qui Grand-Mère ?
Dans le dictionnaire, c’est la mère de notre père ou de notre mère.
Mais ce ne sont que des mots !
C’est qui en fait Grand-Mère ?

Grand-Mère c’est comme amour ;
celui qu’on donne avec liberté, générosité et sincérité.
Grand-Mère, c’est comme réconfort ;
quelle force, quel courage de redonner le moral,
la confiance à ceux qui l’ont perdu quand on est âgé comme toi.
Grand-Mère, c’est comme bonté ;
partager, regarder, se préoccuper de son prochain :
comme tu savais bien le faire !
Grand-Mère, c’est comme gâteau ;
ces après-midi passés ensemble, goûter, jeux, chansons, enfance, joie.
Grand-Mère, c’est comme prière ;
ce temps passé, ces tonnes de mots prononcés, cette énergie déployée,
cette volonté formidable !
Grand-Mère c’est comme famille ;
le trait d’union, le lien, le centre,
parce que l’on se sentait bien près de toi, ensemble.
Grand-Mère c’est comme souffrance ;
celle qui t’accompagnait tous les jours
et que tu offrais sans te plaindre, toujours !

Aujourd’hui, Grand-Mère, c’est comme douleur ;
Tu n’es plus là.
Mais si, mais non, c’est pas possible.
Je te vois encore, y’a un truc, quelque chose qui m’échappe,
c’est le vide, le regret.
Nous sommes tristes, mais non, il faut se réjouir :
tu es là-haut, avec lui, avec eux, avec nous, tu es heureuse !
C’est Grand-Mère, comme bonheur, enfin !

Merci Grand-Mère

42 – L’amour

Petite pousse de vie, graine issue de gaieté
sèche tes larmes, souris et reste gaie ;
l’amour que te portait ton/ta magique ……… *

n’avait d’égal que les limites de l’univers.

Tu repartiras en cours et tu rejoueras
quand tu seras triste, s’ouvriront de nouveaux bras
mais sans que tu le saches, il /elle te regardera.
Au fil des années, son amour veillera sur toi.

Plus tard, tes pas rejoindront ceux d’une âme sœur
mains enlacées, pour bâtir une vie de bonheur
et quand tes enfants souriront dans tes bras
à côté de toi, ton/ta ………. * sera encore là.

La vie pourra, c’est possible, te faire tomber
maladie sournoise ou autre
source de résistance face à l’adversité
son amour sera ta cape de dignité.

Et quand les maux de vieillesse t’auront rattrapé(e)
Quand dans ta chambre des autres on t’aura isolé(e),
décrispe tes doigts et reste calme dans le trépas
car derrière la porte, son amour sera encore là.

Petite pousse de vie, graine issue de gaieté
as-tu compris la force de l’ amour d’un(e) ……….. * ?

dans les grottes, sur les cimes ou sous chaque pierre
sous le chaud équateur ou sur les glaces polaires
tu ne trouveras jamais, dans l’espace et le temps,
une absence du/de la ……….. * qui t’aime si ardemment.

* : Mère, Père, Grand-Mère, Grand-Père

43 – Tu nous manques

Tes yeux sont fermés, ton visage est si lourd,
figé dans l’au-delà depuis déjà trois jours.
Avec qui partager les souvenirs d’autrefois ?
La chaleur des vacances où nous allions parfois,
nos jeux sur l’herbe tendre et le parfum des fleurs
rires et pleurs, soir ou matin sur ton cœur,
tant de joie qui se brise, de bonheur perdu,
je ne peux croire que désormais tu n’es plus.

La mort est injuste, je ne peux supporter
car elle emporte le complice tant aimé.
Ton regard parti, comment éviter la peur ?
La mort me dépouille de toute ta chaleur.
Pourquoi vole-t-elle un être aussi cher ?
Ne plus pouvoir te parler et dès lors me taire
quand rien ne peut changer la course du temps
les mots sont trop faibles, le silence s’étend.

Il faudra simplement continuer le chemin
nos enfants dont je tiens ici encore la main
vont partir et peu à peu vivre leur vie.
Ils l’ont reçue de toi pour la transmettre aussi
ce sera ton sourire à leurs propres enfants.

Mais à tous tu manques déjà tellement…

44 – Retour du fils prodigue

Et s’il revenait un jour, que faut-il lui dire ?
Dites-lui qu’on l’attendit jusqu’à s’en mourir…

Et s’il m’interroge encore sans me reconnaître ?
Parlez-lui comme une sœur, il souffre peu-être…

Et s’il demande où vous êtes, que faut-il répondre ?
Donnez-lui mon anneau d’or sans rien lui répondre…

Et s’il veut savoir pourquoi la salle est déserte ?
Montrez-lui la lampe éteinte et la porte ouverte…

Et s’il m’interroge alors sur la dernière heure ?
Dites-lui que j’ai sourit de peur qu’il ne pleure…

Maurice MAETERLINCK

45 – Pour évoquer la mort d’une Grand-Mère

Un cœur de Mamie, ça veut du bonheur,
du bonheur pour tous ses enfants.
Un cœur de Mamie ça a toujours peur,
ça tremble pour petits et grands :
ça se laisse grignoter par la vie et les évènements.
Un cœur de Mamie, ça donne sans compter :
c’est toujours un cœur de Maman.

Un cœur de Mamie, ça n’aime pas la solitude.
C’est hospitalier, comme les Béatitudes ;
ça aime les visites.
« ne partez pas, vous avez le temps »
« encore un biscuit, restez encore un instant ».
Ça aimerait un bise, mais les jeunes ont-ils le temps ?

Un cœur de Mamie, ça ne vieillit pas.
Ça veut s’accrocher. C’est parfois bien las !
Un cœur de Mamie, c’est plein de finesse ;
ça sait deviner : ça voit la tristesse.
Ça sait regarder, sans oser rien dire.
C’est plein de bonté, ça vit des souvenirs.

Un cœur de Mamie, ça se dit :
« je ne voudrais pas partir »,
rester pour aimer, même vieux, on ne veut pas mourir.
Demain oui peu-être, mais non, non pas aujourd’hui.

Un cœur de Mamie, c’est disponible, pas pressé ;
Ça ne pense qu’à donner
Ça a de l’expérience, ça doit rester longtemps,
pour donner confiance dans la vie a ses petits-enfants.

46 – L’automne

Salut, bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
convient à la douleur et plaît à mes regards.

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;
j’aime à revoir encore, pour la dernière fois,
ce soleil palissant, dont la faible lumière
perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
je me retourne encore, et d’un regard d’envie
je contemple ces biens dont je n’ai pas joui.

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
je vous dois une larme au bord de mon tombeau !
L’air est si parfumé ! La lumière est si pure !
Au regard d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
ce calice mêlé ne nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être, dans la foule, une âme que j’ignore
aurait compris mon âme, et m’aurait répondu !

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ;
À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux :
moi, je meurs ; et mon âme, au moment qu’elle expire
s’exhale comme un son triste et mélodieux.

47 – Conseils

Ne pleurez pas, surtout ne pleurez pas !
Il y a bien longtemps qu’était prêt mon bagage,
on emporte si peu pour ce très long voyage…
une image, un parfum, le souvenir d’un pas.

Ne pleurez pas. Je ne veux pas vous savoir tristes,
je n’aurai plus de corps mais des ailes d’azur
des ailes de pastel, de fluides et d’air pur
des ailes palpitant au souffle d’un artiste.

Qu’ai-je besoin d’avoir sur ce chemin perdu ?
J’espère y retrouver des fleurs et des silences
des musiques d’espoir, des musiques de danses,
des rêves, des éclats qui nous seront rendus.

On dit que très lointaine existe une lumière,
mais qu’il faut traverser un très sombre couloir
qu’on tâtonne en aveugle et qu’on est sans espoir
qu’on a plus de repère et non plus de prière.

Tous les masques qu’on prend et reprend sont tombés ;
c’est le vide absolu, détachement suprême,
alors qu’est devenu tout ce qu’on aime ?
Le temps n’est même plus, les coffres sont tombés.

Je veux bien qu’il n’y ait plus rien qu’un peu de cendres,
sur cette terre aride où nous avons vécu
il faut fermer les yeux dans l’abîme et descendre.

Ne pleurez pas surtout, surtout ne pleurez pas !!!
s’il existe des lois il doit régner en maître !
Mais alors dans ce cas, tout ne peut disparaître…
une demeure est là… nous ne le savons pas.

48 – Tristesse

J’ai perdu ma force et ma vie,
et mes amis et ma gaieté ;
j’ai perdu jusqu’à la fierté
qui faisait croire à mon génie.

Quand j’ai connu la vérité,
j’ai cru que c’était une amie ;
quand je l’ai comprise et sentie,
j’en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
et ceux qui se sont passés d’elle
ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
est d’avoir quelques fois pleuré.

Alfred DE MUSSET

49 – Quand je partirai…

Quand je partirai, libérez-moi, laissez-moi aller.
J’ai tant de choses à voir et à faire.
Ne vous attachez pas à moi à travers vos larmes.
Soyez heureux de toutes les années passées ensemble.
Je vous ai donné mon amour et vous pouvez seulement
deviner combien de bonheur vous m’avez apporté.

Je vous remercie pour l’amour que vous m’avez témoigné,
mais il est temps maintenant que je poursuive ma route.
Pleurez-moi quelques temps, si pleurer il vous faut.
Et ensuite, laissez votre peine se transformer en joie,
car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons.

Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre cœur.
Je ne serai pas très loin, car la vie se poursuit.
Si vous avez besoin de moi, appelez-moi, je viendrai.
Même si vous ne pouvez pas me voir ou me toucher,
je serai près de vous.

Et si vous écoutez votre cœur, vous percevrez
tout mon amour autour de vous, dans sa douceur et sa clarté.

50 – Message

À notre époque extraordinaire
il faut une génération extraordinaire

L’extraordinaire ?

C’est être content de ce qui nous est donné
au lieu de pleurer ce qui est perdu.
C’est être de bonne humeur
quand tout est ennuyeux et difficile.
C’est servir d’appui au lieu
de chercher à s’appuyer.
C’est être souriant quand tout le monde est grognon.

C’est voir le beau malgré le médiocre et le laid.
C’est consoler au lieu de se prendre en pitié.
C’est espérer quand tous se découragent.
C’est croire quand tout le monde doute.

C’est vibrer dans un milieu amorphe.
C’est aimer dans un milieu hostile.

51 – Le pouvoir des mots

Et quand vient le temps de l’absence,
quand vient le temps du silence,
surgissent des mots qu’on voudrait partager
avec celui qu’on a aimé.

Alors, seul face à l’infini,
avec ces mots qu’on a pas dits,
ces mots que l’on ne dira plus,
parce qu’avant, on n’avait pas su…

L’univers devient notre abri,
ce grand ciel qui nous l’a pris,
cette terre qui s’est refermée
en emportant tant de secrets,

Quelque part, si loin…, à côté,
derrière l’invisible, une présence
une vie que l’on a partagée,
remplie de mots et de silences.

Dans notre cœur, bien protégée,
la place sera toujours gardée,
pour celui dont aujourd’hui l’absence
donne tant de sens à notre existence.

Alors, il n’est pas question d’un adieu ;
après une vie bien remplie
c’est un nouveau départ, une autre vie,
vers d’autres mondes, vers d’autres cieux ;

le vent insuffle sa tendresse
la terre produit le renouveau
l’eau emporte notre détresse
Le ciel écoutera tous nos mots.

52 – Les yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
des yeux sans nombre ont vu l’aurore ;
ils dorment au fond des tombeaux
et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
ont enchanté des yeux sans nombre ;
les étoiles brillent toujours
et les yeux se sont remplis d’ombre.

Oh ! Qu’ils aient perdu le regard,
non, non, cela n’est pas possible !
Ils se sont tourné quelque part
vers ce qu’on nomme l’invisible ;

Et comme les astres penchants nous quittent,
mais au ciel demeurent,
les prunelles ont leurs couchants,
mais il n’est pas vrai qu’elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
ouverts à quelque immense aurore,
de l’autre côté des tombeaux
les yeux qu’on ferme voient encore.

Sully PRUDHOMME

53 – La voleuse

La mort est toujours une voleuse.
J’ai beau le savoir elle me surprendra toujours.
Je peux en parler, la mettre dans des mots, la prononcer en discours, l’écrire en livres, je n’en saurai jamais rien.
La mort surviendra toujours au moment que je n’attends pas.
Même si j’en connaissais l’heure et le jour, elle restera inattendue.
La mort ne peut que dérouter non parce qu’on n’y est jamais prêt mais parce que c’est sa vocation : elle dé-route…
elle oblige à prendre une autre route, elle quitte la route des certitudes pour obliger à l’inconnu.
Les signes ont beau être annoncés jusqu’à en devenir évidents, ma tête continue d’en refuser le deuil.
Je cache la mort comme on cache sa faute ou comme on cache sa peur ou ses malheurs.
Si je la cache aussi à l’autre c’est sans doute pour mieux pouvoir me la cacher à moi-même.
Je ne connais de ma mort que la mort de l’autre, et la mort de l’autre commence par m’annoncer ma propre mort.
Je ressens comme une injure ceux qui devant la mort chantent « magnificat » ou « alléluia ».
il me semble qu’ils font les fiers devant la mort, il n’y a pas de conquérant devant la mort !
Au contraire, la mort est le ciel le plus profond de toute humilité.
La mort est cette fragilité qui bien au-delà de ses conquêtes fait la vraie grandeur de l’homme.
Ceux qui chantent ainsi à pleine joie devant la mort veulent dire qu’ils ont vaincu la mort, ils font seulement semblant de l’ignorer.
Seul dieu a vaincu la mort.
La mort est un mystère, c’est le mystère même de l’homme et personne ne peut le lui voler, personne, pas même la religion, ni même la foi.
Quant à dieu lui-même il a refusé de tricher avec la mort, il l’a faite sienne, il l’a épousée dans les larmes et le sang.

Jean DEBRUYNNE

54 – Je me souviens de toi

Je me souviens de ces moments passés
Quand nous parlions sans même nous soucier.

Je me souviens de ces instants
Qui me restent encore si présents.

Des jours heureux et des heures partagées
Où nous aimions la vie autant qu’on peut aimer.

Je me souviens de mon passé
Car ta présence, elle, est restée

Dans mon cœur, dans ma vie,
Dans ma douleur et dans mes cris.

Je me souviens de toi :
De ta présence et de ta voix.

Dans mon cœur, dans ma vie,
Dans mes pensées, ton souvenir grandit.

Je me souviens de t’avoir tant aimé
Qu’à chaque instant, je ne peux t’oublier…

55 – Il y aura d’autres étés

Il y aura d’autres étés
D’autres grillons feront leurs gammes
dans d’autres blés
On croisera sur la route d’autres dames

Un autre merle inventera
une chanson presque la même
Un autre monsieur se trouvera là
sous cet arbre où je t’aime

Une petite fille qui n’est pas née encore
fera une poupée en coquelicot
à cet endroit précis où ton corps
endormi se mêle au long bruit de l’eau

On dira (mais ce seront d’autres)
Il faudrait bien un bon coup de pluie
ça ferait du bien aux récoltes
Les mots feront le même bruit

Mais plus personne plus personne
ne se servira de mon cœur à moi
ni de ta voix à toi qui résonne
dans mon oreille et dans mon corps à moi

Claude ROY

56 – Soleil couchant

Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits. Puis les jours, pas du temps qui s’enfuit.

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux. et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tète,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde. immense et radieux !

Victor HUGO

57 – Je vous en prie

Je vous en prie, ne me demandez pas si j’ai réussi à le surmonter,
je ne le surmonterai jamais.
Je vous en prie, ne me dites pas qu’il est mieux là où il est maintenant,
il n’est pas ici auprès de moi.

Je vous en prie, ne me dites pas qu’il ne souffre plus,
je n’ai toujours pas accepté qu’il ai du souffrir.

Je vous en prie, ne me dites pas que vous savez ce que je ressens,
à moins que vous aussi, vous ayez perdu un enfant.

Je vous en prie, ne me dites pas « au moins vous l’avez eu pendant … années »,
selon vous, à quel âge votre enfant devrait-il mourir ?

Je vous en prie, ne me dites pas que Dieu n’inflige pas plus que ce que l’homme peut supporter.

Je vous en prie, dites-moi simplement que vous êtes désolés.
Je vous en prie, dites-moi simplement que vous vous souvenez
de mon enfant, si vous vous rappelez de lui.

Je vous en prie, laissez-moi simplement parler de mon enfant.
Je vous en prie, laissez-moi simplement le pleurer.

58 – L’Horloge

L’autre jour j’écoutais le temps
qui passait sous l’horloge.
Chaînes, battants et rouages
il faisait plus de bruit que cent
au clocher du village
et mon âme en était contente.

J’aime mieux le temps s’il se montre
que s’il passe en nous sans bruit
comme un voleur dans la nuit…

Jean TARDIEU

59 – L’ange au berceau

Un ange au radieux visage
penché sur le bord d’un berceau
semblait contempler son image
comme dans l’onde d’un ruisseau.

« charmant enfant qui me ressemble »
disait-il, « ah ! Viens avec moi ;
viens ; nous serons heureux ensemble ;
la terre est indigne de toi.

Eh quoi ! Les chagrins, les larmes,
viendraient flétrir ton front si pur,
et dans l’amertume des larmes
se terniraient tes yeux d’azur.
Non, non, dans les champs de l’espace
avec moi tu vas t’envoler
la providence te fait grâce
des jours que tu devais couler. »

En secouant ses blanches ailes
l’ange à ces mots a pris l’essor
vers des demeures éternelles.

Jean REBOUL

60 – Vieillir et mourir

Vieillir, se l’avouer à soi-même et se dire

tout haut, non pas pour voir protester ses amis,
mais pour y conformer des goûts, et s’interdire
ce que la veille on se croyait encore permis.

Avec sincérité dès que l’aube se lève,
se bien persuader qu’on est plus vieux d’un jour !
A chaque cheveu blanc se séparer d’un rêve
et lui dire tout bas, un adieu sans retour…

Aux devoirs impulsifs, imposer d’âpres jeûnes,
et nourrir son esprit d’un solide savoir,
devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes,
comme on aime les fleurs, comme on aime l’espoir.

Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
prier et faire un peu de bien autour de soi,
puis un beau soir, discrètement souffler la flamme
de sa lampe… et mourir parce que c’est la loi.

C. LAMBAL

61 – Que serais-je sans toi

Que serais-je sans toi
qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi
Qu’un cœur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J’ai tout appris de toi sur les choses humaines,
et j’ai vu désormais le monde à ta façon.
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines,
comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines,
comme au passant qui chante, on reprend sa chanson.
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson.

J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu,
que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne.
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne,
où l’homme ne sais plus ce que c’est d’être deux.
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux.

Que serais-je sans toi
qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre,
que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Louis ARAGON – Jean FERRAT

62 – Il n’est plus

Mon âme ne cesse de gémir, mes yeux de pleurer,

les sentiments de mon cœur s’agitent comme une mer tumultueuse.
A ton propos, …………….., qui vient de descendre au tombeau ;
Même si mes yeux étaient les cheminées du ciel,
mes pensées des nuages, mes paroles des averses de pluie,
comment mes pleurs pourraient-ils exprimer l’immensité de ma peine ?

Si j’étais un chacal et ma demeure la forêt,
si ma voix était celle du vent hurlant en tempête,
alors mon frère, je te pleurerais éternellement ;
et je ferais pleurer avec moi chaque pierre, chaque roche ;
La mort cruelle prendrait conscience de ce que je perds,
comprendrait la gravité de son crime, l’atrocité de son méfait.

Y. L. GORDON

63 – Ne pleure pas si tu m’aimes

Si tu savais le don de Dieu

et ce qu’est le Ciel !
Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux
les champs et les horizons éternels,
les nouveaux sentiers où je marche !
Si tu pouvais, un instant, contempler comme moi
la beauté devant laquelle toutes les beautés palissent !
Quoi ? Tu m’as vu ! tu m’as aimé dans le pays des ombres, et tu ne pourrais ni me revoir ni m’aimer encore
dans le pays des immuables réalités !
Crois-moi : lorsque la mort viendra briser tes liens,
comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient,
et quant au jour que Dieu connaît
et qu’il a fixé, toute âme viendra dans le Ciel
où l’a précédée la mienne, ce jour là, tu reverras
celui qui t’aimait et qui t’aime encore.
Tu retrouveras les tendresses épurées.
Essuie tes larmes.
Et ne pleure plus, si tu m’aimes.

64 – L’arbre et la graine

Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent…

Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque…
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe…
mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle…
mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

65 – C’est bien naturel

Quand on pense à ton grand âge,

c’est bien naturel que tu sois parti(e).

Nous nous y attendions ;
Il y avait si longtemps que tu souffrais,
que tu t’affaiblissais et que tu nous disais :
« Mon heure approche ».

Pourtant nous souffrons.
Car ceux qu’on aime n’ont pas d’âge,
on les aime, c’est tout.

Tu retrouves maintenant ceux que tu as aimés.
Certains sont partis déjà depuis bien longtemps.
Nous ne les connaissions pas, mais tu en parlais.
Maintenant tu les vois.

Pour toi, le Christ , la Vierge et tous les Saints
vont accourir ; ils te prennent par la main pour te mener
au Père.

66 – Être vivant

Être vivant

sans s’occuper de l’air du temps
vivre l’instant
à tout moment réinventé.

Être vivant
sans se courber d’où vient le vent
vivre au présent
dans la stridente liberté de la cigale de l’été.

Être vivant
sans s’accrocher au « bon vieux temps »
vivre accueillant
l’irrésistible nouveauté de l’inusable éternité.

Être vivant
sans être mou et dépendant
être muant
vers la plus pure humanité et mourir d’avoir existé.

67 – Souffrance mais espoir

Nous voudrions dire notre espérance mais les paroles

se serrent dans notre gorge.
Nous voudrions crier, mais aucun cri ne vient.
Nous voudrions aimer, mais seul le poids de notre peine
et le bruit de nos larmes témoignent
que nous vivons encore…

Mais où es-tu, Seigneur,
et qui nous dit qu’avec nous tu partages ce moment !
Rien n’est plus possible que l’espoir,
que payer le prix de cette espérance.

Je souhaite la paix. Cette paix doit prendre la place de la vie
qui m’abandonne, je ne sais plus qu’espérer d’autre,
je ne connais plus rien de l’avenir qui m’attend,
ni même s’il est un avenir.

Je désire quelqu’un sans connaître son nom ;
est-ce cela que j’espère ?
Je ne sais, mais la paix enfin illumine ma solitude.

68 – Les pétales de la vie

Les fleurs de la vie, comme les fleurs d’une rose,

se gorgent de rires, de joies et de couleurs.
Elles s’ouvrent peu à peu au monde extérieur,
pétales épanouis que la lumière expose.

Ce pétale entre mes doigts se plisse trop vite.
Comme les rêves que j’avais tout récemment.
Son duvet que je presse rappelle le temps
où ta paume contre la mienne trouvait gîte.

Dans ma main, ce pétale ploie puis hésite ;
il s’accroche à ma peau comme mes souvenirs.
Il balance et refuse toujours de partir,
préférant s’attacher aux lueurs qu’il suscite.

Mais ce brin de soleil aux pétales incarnés,
c’est l’amour que je porte à ce que tu étais.
De ma main, il s’échappe à ton allongé,
pour offrir de ma part un ultime baiser.

69 – De fil en fil

Qu’il est doux le tissu de ma tendre famille,

velours souple et chaud, infroissable malgré la vie.
De drap en drap, de langes en drap nuptial ou enfin linceul,
quoi qu’il m’arrive, vous ne me laisserez pas seul.

La vie quotidienne a brodé nos dentelles.
Nos fêtes passées sont des rubans en kyrielles.
Petits crêpons, joyeux satins ou chauds mohairs,
chacun tient bonne place dans sa joyeuse galère.

Mais arrive le moment où la bobine se lasse,
et un jour ou l’autre la trame se casse.
Est-ce le moment, quand le tissu s’effile,
de désespérer et trouver la vie triste ?

Levons alors un peu les yeux vers la voie lactée.
Découvrons les fils unissant les étoiles assemblées.
Les uns sont tenus par nos morts, les autres par nos enfants.
Car l’éternel tisserand, dans son bel ouvrage,
métisse du fil brillant et du fil vivant…

70 – Maman

Chaque fois que tu as séché mes larmes
Toutes ces fois pendant toutes ces années
Je ne t’ai jamais dit « Merci Maman »

À chaque fois que j’ai été triste
Et que tu as ramené un sourire sur mon visage
Je ne t’ai jamais dit « Merci Maman »

À chaque fois que tu as pardonné
mes erreurs et que tu m’as rendu plus fort
Je ne t’ai jamais dit « Merci Maman »

Merci, Maman. Je t’aime

71 – Ma petite Maman

Tu m’as tant donné tant d’amour,
Tant de tendresse ,tant de caresses…
Tu t’es fait pour moi tant de soucis
Tu m’as soigné, nourri, élevé…
Comment pourrais-je jamais te rendre
tout ce que tu m’as donné…
Maman !
Quand tu seras vieille et que tes cheveux seront tout blancs
quand tu auras besoin d’un peu de calme et de répit
pour que la paix règne dans ton cœur vers la fin de ta vie,
je viendrai tout près de toi, Maman
je viendrai te serrer dans mes bras
je viendrai te dire « N’aie pas peur Maman »
je ne te laisserai pas seule
je serai là, toujours là
je serai là, parce que je t’aime
je serai là pour toi, ma jolie Maman.

72 – Pour un Mort

Mon Dieu, reprends ton souffle à notre ami,

Dégage-le de l’odeur de la mort.

Tu l’as donné gratuit, reprends-le de même :
Mets d’abord à son compte que nous l’aimions.

Nous n’avons pas à te le présenter
Nous te montrons ce qu’il nous a donné.

Rassemble ces bontés, elles t’appartiennent,
Ne l’isole pas de nos prières pour le juger.

Devant la mort, nous ne savons que toi,
Nous prenons souffle à l’espérance.

73 – De Père en Père

À partir d’aujourd’hui, à partir de ce moment,
plus rien ne sera jamais comme auparavant ;
je vais revenir à la maison et redécouvrir tes outils.
C’est avec émotion que je les regarderai sur l’établi.

Mes doigts glisseront sur les manches polis
des images reviendront du temps où j’étais petit
je revois le jeune homme que tu étais, puis l’âge mûr,
puis le profil du senior, c’est vrai, vieillir c’est dur.

Mais pour ton enfant l’épreuve est encore pire.
Dans ses yeux, voir ses parents petit à petit partir
avec les rides, les cheveux blancs, un peu d’estomac
c’est un monde sacré qui peu à peu s’en va.

Moi aussi avec les années je suis devenu un Papa
et des yeux d’enfants me scrutent déjà comme cela.
J’ai quelques cheveux blancs et côté estomac ça va,
enfin du moins pour l’instant, plus tard on verra…

Je fais le grand mais tu sais, j’ai peur Papa :
mourir, laisser ma femme et mes enfants et tout ça
tout ce que tu as supporté, j’espère que j’aurai ta force
que je mériterai ton exemple, que la mort ne sera pas trop garce.

Je n’ai pas le droit de fléchir, dure logique de la vie.
Les obligations, les responsabilités, tout un ensemble qui t’habille
tu connais le refrain, le couplet, tu as si longtemps chanté.
Je compte désormais sur toi, j’en aurai bien besoin
pour que secrètement, au creux de mon oreille,
tu viennes parfois souffler un air ou des notes oubliées…

74 – Rire

Même si la tristesse nous serre aujourd’hui la gorge,
même si les yeux nous piqueront au moment
où sont corps devra être laissé aux mains d’une destinée inexorable,
armons-nous d’ores et déjà des meilleurs souvenirs.

Son sourire n’ était-il pas ce qui amenait un peu de magie dans notre vie ?
Quand il est magnifique, le sourire révèle une âme splendide.
C’est le signe extérieur d’une beauté intérieure
qui vit en nous, et qui sans lui serait souvent invisible aux autres.

Le rire est une chose qui reste dans notre mémoire
bien après que nos yeux l’aient oublié.
Personne ne résiste à un sourire sincère.
Quand au rire, il est contagieux.
Mais il ne faut pas rire mécaniquement, et sans expression.

Le vrai rire tourne le dos au néant et fait avancer le monde.
Il préserve la santé des vieux comme celle des jeunes.
Il colore le laid avec des éclaboussures d’or et d’argent.
Il élève les humbles et brise les barrières sociales parfois stupides.

Nous qui entrons dans le deuil,
rappelons-nous que le rire, lui seul,
nous montrera les choses sous leur vrai jour.
Grâce à lui, en de fugitifs instants,
la mort perd le pouvoir de séparer ceux qui s’aiment.

75 – Prière pour un(e) Quidam

Toi aussi tu as souffert à la naissance
pour toi une mère a enduré la douleur
dès ta première heure la dignité fut ton essence
jusqu’à ton dernier soupir la vie fut ton honneur.

Ton corps t’a servi(e) et finalement t’a trahi(e)
mais ta bouche et tes yeux furent aimés
même si jusqu’à l’au-delà tu as faibli
je sais qu’une main tendre t’a un jour caressé(e).

Peu-être as-tu été de ceux (celles) qui furent admirés(ées)
ou alors faisais-tu partie du grand nombre qui obéit.
Qu’importe jusqu’où la vie a voulu te mener
aujourd’hui tes frères humais t’ont rejoint et souri.

Car de toi dépend toute la beauté de la vie
et de ta paix ici gagnée… surgira l’antidote de la haine.
Va désormais en paix.

Georges TUADEUX

76 – Papa

Dans notre maison vide, nous regardons tristement
tout ce qui était nous, tout ce qui était toi.
Nous écoutons le cœur en peine, nous n’entendons plus ta voix,
ni le bruit de tes pas .

Papa, sur ton chemin vers la lumière,
marchant sans cesse auprès de toi,
nous t’accompagnons de nos prières
et de l’amour que nous avons pour toi.

Papa, tu as découvert l’autre monde
qui reste pour nous un grand mystère,
où il n’y a ni pleurs, ni peine, et où le temps ne compte pas.

Papa, puisse-tu y trouver le bonheur
que tu as mérité ici-bas.
Pense à nous qui sommes sur terre
et aime-nous comme autrefois.

77 – Ne te retourne pas

L’amour, c’est s’envoler au ciel
à tout instant fendre cent voiles
d’abord renoncer à soi-même
et pour finir, se prendre en Dieu.
Considérer comme irréelle la vision de ce bas-monde.
Ne pas voir, effectivement, ce qui tombe sous le regard.
Voir au-delà de ce qu’on voit
descendre au gouffre intérieur.
Mais d’où te vient cet élan, mon âme ?
Languissamment, tu te retournes vers ceux qui restent
pourquoi, puisque te voilà parvenu à l’âme des âmes ?
L’automne met la rose en fuite.
Et quelle étrange rose es-tu pour te diriger
en glissant vers les vents âpres de la mort ?
Ne peine pas à discourir, fais silence et reste en éveil.
Alors la lune peut apparaître et te regarder.
Car elle te ravira comme un oiseau de chasse.
Et tu te regarderas en en voyant plus rien
car en cette lune ton corps deviendra pareil à une âme.

78 – Sur la terre à blé

Celui qui sait qu’il va mourir
dans l’accablement de midi
s’en va revoir ses champs de blé
la plaine à blé roue. C’est la plaine.
La plaine flambe à perdre haleine
vrillée des cris de la courlis.

Celui qui sait qu’il va mourir
soudain se sent le cœur en peine.
Il voudrait embrasser la plaine
sur laquelle il a tant trimé.
C’est pour la terre qu’il est né,
sous la chaume à la mode ancienne
que près d’un siècle il a peiné.

Mais ses blés roulent sous le vent
ce sont les plus hauts de la plaine,
ils frissonnent à perdre haleine
luisent, chuintent, chantent au vent,
alors il sent mourir sa peine

Bah ! Que la terre reprenne
puisque ses blés sont bien mouvants
bah ! Qu’importe que la mort vienne
qu’il exhale son dernier vent
dans son lit à la mode ancienne
puisque ses blés sont bien vivants !

Maurice FOMBEURE

79 – L’amour ne disparaît pas

La mort n’est rien.
Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté.
Je suis moi, vous êtes vous,
ce que j’étais pour vous, je le resterai toujours.
Donnez-moi le prénom que vous m’avez toujours donné.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un ton solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi.
Que mon prénom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été,
sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre !
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié,
elle est toujours ce qu’elle a été.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée
simplement parce que je suis hors de votre vie ?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.

Paul CLAUDEL

80 – Ma morte vivante

Dans mon chagrin rien n’est en mouvement
j’attends, personne ne viendra
ni de jour ni de nuit
ni jamais plus de ce qui fut moi-même.

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière.
Ma bouche s’est séparée de ta bouche.
Ma bouche s’est séparée du plaisir et du sens de la vie.
Mes mains se sont séparées de tes mains ;
mes mains laissent tout échapper.
Mes pieds se sont séparés de tes pieds ;
ils n’avanceront plus, il n’y a plus de routes ;
ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos.

Il m’est donné de voir ma vie finir avec la tienne
ma vie en ton pouvoir que j’ai crue infinie.

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
pareil au tien cerné d’un monde différent.
J’étais près de toi que j’ai froid près des autres.

Paul ELUARD

81 – En mélodie de fond

Regardez autour de vous
Écoutez la gaieté printanière de nos ruisseaux
je me suis enthousiasmé pour ici et pour ailleurs.

Saxo en bouche, soleil en tête et rythme dans la peau,
je voulais vous dire que la vie est merveilleuse,
cadeau à déguster en partage, tout simplement.

Que la terre soit couverte de sapins ou de cocotiers,
la joie de vivre est la dernière partie à sauver.
Dans une bataille où la musique trouve ses complices
je vous laisse mes pensées, mes souvenirs, mes espoirs et mes passions.

Ne gardez pas de rancune pour cette pluie d’avril
que ce soit dans le diamant d’une neige poudreuse
ou par l’écho entendu au creux d’un coquillage
ou même par le sourire d’un nouvel enfant, je resterai à vos côtés,
en mélodie de fond dans le concert de votre vie.

Georges TUADEUX

82 – Je ne suis pas mort

Ne reste pas à pleurer devant ma tombe.
Je n’y suis pas, je n’y dors pas.
Je suis un millier de vents qui soufflent.
Je suis le scintillement du diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr.
Je suis la douce pluie d’automne.

Quand tu t’éveilles dans le calme du matin,
je suis le prompt essor qui lance vers le ciel
où y tournoient les oiseaux silencieux.
Je suis la douce étoile qui brille la nuit.
Ne reste pas à te lamenter devant ma tombe.
Je n’y suis pas ; je ne suis pas mort.

83 – Un sourire

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
il enrichit ceux qui le reçoivent
sans appauvrir ceux qui le donnent.
Il ne dure qu’un instant
mais son souvenir est parfois éternel.
Personne n’est assez riche pour s’en passer,
personne n’est assez pauvre pour ne pas le mériter
il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires.
Il est le signe sensible de l’amitié.
Un sourire donne du repos à l’être fatigué,
rend du courage aux plus découragés.
Il ne peut ni s’acheter, ni se prêter, ni se voler,
car c’est une chose qui n’a de valeur
qu’à partir du moment où il se donne.
Et si parfois vous rencontrez une personne
qui ne sait plus avoir le sourire,
soyez généreux, donnez lui le votre
car nul n’a autant besoin d’un sourire
que celui qui ne peut en donner aux autres.

84 – Murmure apaisant

Écoute la chanson bien douce
qui ne pleure que pour te plaire.
Elle est discrète, elle est légère :
un frisson d’eau sur la mousse !

La voix fut connue,
mais à présent elle est voilée
comme une veuve désolée,
pourtant comme elle est encore fière…

Elle dit la voix reconnue,
que la bonté c’est notre vie
que la haine est de l’envie
rien ne reste la mort venue.

Elle parle aussi de la gloire
d’être simple sans plus attendre,
et de noces d’or et du tendre
bonheur d’une paix sans victoire.

Accueillez la voix qui persiste
dans son naïf épithalame
allez, rien n’est meilleur à l’âme
que de faire une âme moins triste !

Paul VERLAINE (extrait de « Sagesse »)

85 – Adieu

Adieu, mes chers parents, mes amis précieux !
Je monte à Dieu, je monte à notre Père,
les combats sont finis, je sors de la misère,
et j’échange aujourd’hui la terre pour les cieux.
Essuyez par la foi les larmes de vos yeux,
bannissez de vos cœurs votre douleur amère.

Et si jamais pour moi votre amour fut sincère,
contemplez mon bonheur et soyez joyeux.
Ah ! Que mon sort est beau !
Qu’il est digne d’envie !

Je passe par la mort au séjour de la vie,
et ne perds, en mourant que la Mortalité.
Suivez-moi, par les vœux de l’espoir et du zèle :
la mort nous désunit pour un temps limité,
mais Dieu nous rejoindra dans la gloire éternelle.

DRELINCOURT

86 – Mon enfant

Mon enfant, tu n’es pas que notre enfant
tu es l’enfant du désir de la vie pour elle-même,
tu es passé par nous, et tu viens de nous,
tu ne nous appartiens pas.

Nous t’avons donné notre amour, mais pas nos pensées.
Nous avons logé ton corps, mais pas ton âme.
Car ton âme habite la maison de demain,
que nous ne pouvons visiter, pas même en rêve.
Nous nous sommes efforcés d’être semblables à toi
et nous n’avons pas cherché à te rendre semblable à nous,
car la vie ne reviens pas en arrière et ne s’attarde pas avec le passé.

87 – Nous te cherchons partout

Nous voici aujourd’hui au bord du vide
Puisque nous cherchons partout
Ton visage que nous avons perdu.

Tu étais notre avenir
Et nous avons perdu notre avenir.
Tu étais des nôtres
Et nous avons perdu cette part de nous-mêmes.
Tu nous questionnais
Et nous avons perdu ta question.

Nous voici seuls
Nos lèvres serrées sur nos pourquoi.

Nous sommes venus ici chercher
Chercher quelque chose
Ou quelqu’un.

Chercher…
Chercher cet amour plus fort que tout.
Nous te cherchons partout.

88 – Le temps qui passe…

Le temps qui passe
Et les années qui s’effacent.
Le temps qui passe
Et nous laisse seuls devant la glace.

Les rides au bord des yeux
Et dans nos cœurs nos souvenirs.
Le temps passe silencieux
D’un avenir que l’on ne peut définir.

Il passera le temps
Il volera notre jeunesse
Il volera notre vigueur d’antan
A l’affût de la moindre faiblesse.

Il passe et passera toujours
Mais il ne volera point sa fraîcheur
Ne rongera point de son cœur son amour,
Ne volera point ni sa grâce ni sa douceur.

Il passe et passera encore
Mais ça nous est bien égal,
Elle restera comme à l’aurore
De sa beauté sans égal.

89 – La forêt d’étoiles

Dans la forêt d’étoiles
Il n’y a pas de vent,
Pas de tempête noire,
Ni d’orage grondant.

Mais des branches qui tremblent,
Des feuilles, des fruits d’or,
Et des musiques d’anges
Qu’on entend quand on dort.

Dans la forêt d’étoiles,
Où rêvent les enfants,
Il n’y a que du sable
Chaque nuit qui descend.

90 – Dans le silence

C’est dans le silence,
Dans le vide, dans l’absence,
Que je pense à toi,
Que je te revois.

J’erre sans dessein,
Je cours, je fuis sans fin
Notre rencontre, notre histoire,
Notre amitié, ton départ.

Ami, je t’aime…
Vois : mon cœur n’est plus le même…
Penser à toi me fait souffrir,
De la mémoire, je suis martyre.

Mais je veux souffrir, crier, pleurer,
Rêver de toi, t’imaginer.
Tu es ma substance, ma nourriture.
J’ai goûté une amitié si pure.

Plus rien ne nous sépare…
Même sans se revoir,
Il y a une suite à notre histoire.
On ne détruit pas une amitié si rare

Par la pensée, les souvenirs,
Je continuerai à la vivre.
Ami, rien ne te remplacera
Que tu sois beau, laid, esclave ou roi.

Isabelle JAN

91 – L’aube est moins claire…

L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! Voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s’en va d’un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.

Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,
Adieu, ciel bleu ! Beau ciel qu’un souffle tiède effleure !
Voluptés du grand air, bruit d’ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,
Adieu, rayonnements ! Aubes ! Chansons ! Rosées !
Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux !
Hélas ! Vous reviendrez ! Me retrouverez-vous ?

Victor HUGO

92 – Pensée des morts

Voilà les feuilles sans sève qui tombent sur le gazon ;
Voilà le vent qui s’élève et gémit dans le vallon ;
Voilà l’errante hirondelle qui rase du bout de l’aile
L’eau dormante des marais ;

Voilà l’enfant des chaumières qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
L’onde n’a plus le murmure dont elle emplissait les bois ;
Sous des rameaux sans verdure les oiseaux n’ont plus de voix.
le soir est près de l’aurore ;
L’astre à peine vient d’éclore qu’il va terminer son tour ;
Il jette par intervalle une lueur, clarté pâle
qu’on appelle encore un jour.
L’aube n’a plus de zéphyr sous ses nuages dorés ;
La pourpre du soir expire sur les flots décolorés ;
La mer solitaire et vide n’est plus qu’un désert aride
où l’œil cherche en vain l’esquif ;
Et sur la grève plus sourde la vague orageuse et lourde
n’a qu’un murmure plaintif.
La brebis sur les collines ne trouve plus le gazon ;
Son agneau laisse aux épines les débris de sa toison ;
La flûte aux accords champêtres ne réjouit plus les hêtres
des airs de joie et d’amours :
Toute herbe aux champs est glanée :
Ainsi finit une année, ainsi finissent nos jours !
C’est la saison où tout tombe aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe moissonne aussi les vivants :
Ils tombent alors par mille, comme la plume inutile
que l’aigle abandonne aux airs,
Lorsque des plumes nouvelles viennent réchauffer ses ailes
à l’approche des hivers.

Alphonse DE LAMARTINE

93 – Je ne vous quitte pas

Si vous prenez la peine d’écouter dans le
courant d’air de ce lieu, vous pourrez
entendre ma voix qui vous dit :
« Ne soyez pas tristes, ne pleurez plus mon départ,
où je me trouve maintenant, je suis bien. »

Entouré de l’amour de ceux qui m’ont précédé,
Je ne souffre plus, mon corps me laisse enfin
le repos tant demandé, fini le tourment,
finis ces soins tellement désobligeants pour ma fierté.

Je me repose sans douleur, sans contrainte,
Je n’ai pas de colère, je ne regrette rien.
Je vous quitte, mais je reste dans vos mémoires,
Pensez à moi souvent, mais ne soyez pas attristés
par mon absence, je serai partout avec vous,
dans les moments de peine, comme dans les moments de joie.

Dans les villes, dans les forêts et dans les plaines,
chaque fois que le vent des contraintes de la vie
vous couvrira, tendez les bras vers le ciel,
Je vous envelopperai de mes ailes pour
vous réchauffer de mon amour et chasser vos tracas.

Armand VOSS

94 – Laissez venir à moi les petits enfants

« Laissez venir à moi les petits enfants », nous dit Jésus.

Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
fait briller tous les yeux.
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
se dérident soudain à voir l’enfant paraître
innocent et joyeux…

Il est si beau l’enfant avec son doux sourire,
sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
ses pleurs vite apaisés,
laissant errer sa vue étonnée et ravie,
offrant de toute part sa jeune âme à la vie,
et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! Préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
frères, parents, amis et ennemis même
dans le Mal triomphant,
de jamais voir, Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles,
la cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
la maison sans enfants !

Victor HUGO

95 – Tu as beaucoup voyagé

Tu as beaucoup voyagé,

d’un coin à l’autre,
tu allais où on t’envoyait.

Partout, tu t’es fait des amis,
partout tu as laissé des souvenirs.
Nous repensons aujourd’hui à cela.

Mais aujourd’hui, c’est un autre voyage
qui t’emmène loin de nous,
dans un autre pays.

Ce pays d’où personne ne revient,
parce que c’est l’aboutissement de tous nos voyages
de toutes nos courses et de nos recherches.

Tu es parti vers ce pays mystérieux.

Nous espérons te retrouver un jour,
au terme de notre propre voyage.
Quand nous parviendrons nous aussi
à cette maison où tu nous attends
pour fêter ensemble le monde nouveau.

96 – A la mémoire

Elle avait tout ce qu’on envie,

elle avait tout en naissant.
Tout, excepté la longue vie.
Elle est morte en la commençant.

Sa mort jalouse de la gloire,
brisant un avenir si beau,
n’ensevelit pas sa mémoire
sous le marbre du tombeau.

Elle n’est plus, sa gloire reste,
Dieu le veut, respectons ses lois,
dans les anges du Chœur Céleste
il manquait sans doute sa voix.

Angèle XINDAVELONIS

97 – Que mon départ ne soit pas une souffrance

Je désirerais – et cela très ardemment – que mon départ

ne soit pas pour ceux que j’aime une souffrance.
Je voudrais qu’il ne fût pas pour eux
une cause de regrets, de lamentations, de larmes.

J’aimerais que mes proches pensent à moi
comme quelqu’un qui les a beaucoup, tendrement aimés,
et qui les aime encore,
et est simplement parti un peu avant eux
pour le pays de vie, de lumière, de paix et d’amour
où je les attends !

Que leur vie terrestre continue tranquillement, paisiblement,
jusqu’au jour où, pour eux aussi, la porte s’ouvrira.
Je voudrais qu’ils acceptent ma mort
comme une chose très simple, très naturelle.

98 – Lumière s’il vous plaît

Voilà, tu quittes ce monde ici et aujourd’hui.

Ton départ fut si long en cette maladie.
Les jours sont étirés, pénibles, sans fin,
pour que ta flamme vienne s’éteindre… enfin.
Et tout ce temps pour se comprendre, parler de tout,
évoquer nos souvenirs dont la vie se joue.
C’en est fini des déchirures, des soucis,
ne pas être triste, tu l’as voulu ainsi.

Je suis serein(e) et j’aimerais aux funérailles
que la lumière nous inonde et nous assaille
comme un clin d’œil que tu ferais pour tes adieux,
un sourire qui nous viendrait des cieux.
Notre dialogue se poursuivra hors du temps,
ta voix que notre cœur entend secrètement,
nous murmure une présence si magique,
enfant ou adulte, au diable la logique.

99 – La mort nous réunira

L’absence n’a-t-elle pas pour fonction, finalement,

de nous rappeler que nous sommes vacants de quelqu’un,
et douloureux par cela, jusqu’au moment où nous aurons
rejoint l’autre ?

En ce sens, elle est bien dure à supporter, même si elle
n’est pas sans auxiliaires qui nous aident.

Pourtant elle conduit au « au revoir ».
Jour après jour, elle y ramène, et chacune de nos peines
en prépare la plénitude.

Je crois alors qu’il convient d’être sûr de ce propos :

La mort existe,
La mort emporte un jour en son ailleurs un être cher,
La mort, un jour, viendra et nous emportera aussi,
en son là-bas.
Et nous réunira.

La mort est cela.

100 – Mon puzzle à moi

Je ne sais plus ce que je suis, ce que je fais.

Ton départ si brutal, en moi, a explosé.
C’est comme si j’étais brisé(e), éparpillé(e),
disloqué(e) par cette mort que nul n’attendait.
Une partie de moi-même vient s’accrocher
à ce cercueil où tu reposes désormais.
Toi, tu es là, statue immobile à jamais,
tandis que je crie de mon âme morcelée.

A vous tous, présents, vous croyez me voir entier(ère),
Mais au fond de moi, je me suis désagrégé(e).
Je suis un puzzle de détresse et de chagrin
qui essaie encore de se rassembler en vain.
Je suis si aveugle, mes amis, mes enfants,
que j’en oublie de voir que vous êtes là.

Or, vous êtes des morceaux de vie si brillants,
le meilleur de mon être, le meilleur de moi.
Et si le vent de la mort m’a émietté(e),
vous êtes les liens qui pourront me rassembler.
Vos sentiments sauront me rendre une unité,
j’ai besoin de vous pour enfin me retrouver.

101 – Pour toi, pour nous, pour lui

Dieu très glorieux !

Auteur de tout bien et donateur de toute miséricorde !
Déverse tes bénédictions sur nous
et fortifie nos engagements solennels avec les liens de
l’affection sincère !
Qu’à l’occasion de ce décès,
nous soit rappelé notre destin prochain
et que notre attention soit attirée vers Toi,
seul refuge dans les temps de dénouement !
Que lorsque ce moment terrible sera arrivé,
quand nous serons sur le point de quitter cette scène transitoire,
la perspective vivifiante de ta miséricorde fasse
disparaître la tristesse de la mort,
et qu’après notre départ d’ici-bas, en paix et dans ta grâce,
nous soyons reçus au sein de ton royaume éternel,
pour jouir, avec les âmes de nos amis disparus,
de la juste récompense d’une vie de piété et de vertu.
Amen.

102 – Grand’Père

Grand-Père est mort.

Une âme s’habille d’un corps.
Mon grand-père est mort.
Il a laissé son corps usé,
son âme s’est envolée,
pour l’éternité.

Faut pas pleurer si fort,
ça attriste les morts.
Il a tant de choses à faire,
dans cet autre univers… Grand-Père.

Un trou, un cercueil,
tous ces gens en deuil,
Grand-Père, tu n’es plus là,
pour me serrer dans tes bras,
je pense à toi.

J’irai aussi vers la lumière,
un jour, te rejoindre, Grand-Père.
Je sais que tu me guideras,
je te suivrai, pas à pas,
dans l’au-delà.
Le bateau rentre au port,
ce n’est pas triste la mort.
Juste le temps de faire
notre travail sur la terre,
que tous on se retrouvera.

103 – La prière du paysan

Merci mon dieu
De m’avoir fait paysan,
Borné, sourd et muet
Pour ne point entendre les bavards
Et ne point répondre aux sots.

Merci pour eux de m’avoir fait travailleur
Afin d’œuvrer malgré tout,
Et continuer à nourrir ces gens
Qui ont toujours la bouche ouverte
Que ce soit pour de vains bavardages
Ou pour manger nos produits
(Sans les vouloir trop payer).

Merci aussi d’avoir permis à mes ancêtres
D’accumuler un patrimoine
Qu’on ne peut envoyer en Suisse,
Ou considérer comme une œuvre d’art;
Pour permettre à l’état d’y tailler à sa guise.
Et rogner à sa faim.

Merci de m’avoir rendu la peau
Durcie par les intempéries,
Pour permettre, sans que je rue,
A d’innombrables organismes
(Qui prolifèrent comme pucerons aux beaux jours)
De me ponctionner,
Pour nourrir une légion de plumitifs,
De mécanographes et de prévisionnistes
Qui de croient utiles
Parce qu’ils travaillent bien au dessus de nous,
Dans les nuages
Et se montent du col (ou du faux-col).

Merci de permettre à des ignares
De se découvrir écologistes
Et sans rien y connaitre
De se donner l’outrecuidance
De nous apprendre la Terre et la Nature.

Merci enfin de m’avoir attaché à la glèbe,
Après m’avoir crée d’elle.
Car je sais que je ne suis que poussière
Et retournerai à la poussière,
Comme eux tous.
Mais moi je ne tomberai pas de haut,
N’ayant jamais quitté la Terre.